Anne Mounic

Poète & peintre

Essais critiques & articles

Essais critiques

Poésie et mythe : Réenchantement et deuil du monde et de soi. (Edwin Muir, Robert Graves, Ted Hughes, Sylvia Plath, Ruth Fainlight). L’Harmattan.
Poésie et mythe : Je, tu, il/elle aux horizons du merveilleux. (Edwin Muir, Robert Graves, Ted Hughes, Sylvia Plath, Ruth Fainlight). L’Harmattan.
La Parole obscure : Recours au mythe et défi à l’interprétation dans l’œuvre de Michel Fardoulis-Lagrange.L’Harmattan.
Les tribulations de Perséphone : Poésie, autre, au-delà (Kathleen Raine, Stevie Smith, Veronica Forrest-Thomson). L’Harmattan.
Poésie, mobilité de l’esprit : Portes, passages rythmes et métamorphoses. L’Harmattan.
Psyché et le secret de Perséphone : Prose en métamorphose, mémoire et création (Katherine Mansfield, Catherine Pozzi, Anna Kavan, Djuna Barnes). L’Harmattan. Prix Pascal Ruga, Journées de poésie de Bergerac, 2005.
La poésie de Claude Vigée : Danse vers l’abîme et connaissance par joui-dire. L’Harmattan.
« Le temps ouvert devant nous : Claude Vigée, passeur du vivant ». Introduction : Claude Vigée, Mon heure sur la terre. Paris : Galaade, 2008.
Édition : Claude Vigée, Mélancolie solaire. Paris : Orizons, 2008.
Jacob ou l’être du possible. Caractères, 2009.
Monde terrible où naître : La voix singulière face à l’Histoire.Paris : Honoré Champion, 2011.
Counting the Beats : Robert Graves’s Poetry of Unrest. Amsterdam, New York : Rodopi, 2012.
Édition : Katherine Mansfield. Europe, novembre-décembre 2012, n° 1003-1004.
L’esprit du récit ou La chair du devenir : Éthique et création littéraire. Champion, 2013.
« What Is It ? ‒ That I Heard : Katherine Manfield’s Sense of Wonder. Rodopi, 2014.
Édition : Benjamin Fondane / Claude Vigée : Le questionnement des origines. Paris : Honoré Champion, 2014.
L’inerte ou l’exquis : Pensée poétique, pensée du singulier. Champion, 2015.
Édition : « Tu dis pour naître : Rencontres internationales autour de l’œuvre de Claude Vigée. Chalifert : Revue Peut-être, n° 7, janvier 2016.
Ineffable rigueur : Poésie et philosophie. Brill/Rodopi, 2017.
Édition et préface : Claude Vigée, Jusqu’à l’aube future. Poésies complètes 1950-2015. Revue Peut-être, n°9, janvier 2018.
Force, parole, liberté : Rupture tragique ou continuité du récit. Champion, 2018.
Italie du récit, terre de ses métamorphoses. Garnier, 2019.
Considérer la vie comme digne d’être vécue : Marcel Proust à la Recherche du temps perdu. Le Bord de l’Eau, 2020.
Des infinies métamorphoses de la figure animale dans l’art et la littérature : Sous la toison fondante, si douce à imaginer… Paris : Champion, 2020. presse
Sylvie, de Gérard de Nerval : « Un siècle d’action dans une minute de rêve. » . Le Bord de l’Eau, 2022. Très belle recension par Apolline Pernet, « Spirales et métamorphoses », Acta fabula, vol. 24, n° 7, Notes de lecture.

La tentation du tragique, Paris : Champion 2023.

 

Traduction et présentation des Poèmes choisis de Robert Graves. Collection du Club des Poètes.
Traduction et présentation de Poèmes de Robert Graves. L’Harmattan. (Ouvrage publié avec le concours du Centre National du Livre.)
Traduction et présentation de Poèmes de Stevie Smith. L’Harmattan.
Traduction et présentation de Cette voûte de si pur respir. Poèmes de Vincent O’Sullivan. L’Inventaire. (Ouvrage publié avec le concours du Centre National du Livre.)
Traduction et postface de En attendant Rongo. Trois nouvelles de Vincent O’Sullivan. L’inventaire. (Ouvrage publié avec le concours du Centre National du Livre.)
Traduction et présentation de At the Root of Fire/A la racine du feu de Michael Edwards. Caractères, 2009. (Ouvrage publié avec le concours du Centre National du Livre.)
Traduction et présentation de Fiery Presence / Flamboyante présence, de Jean Wahl. Poèmes de l’exil américain (1942-1945). Atelier GuyAnne, 2017.
Traduction et présentation de The Budding Time / L’aube du temps, de Jean Wahl. Poèmes de l’exil américain (1942-1945), Volume 2. Atelier GuyAnne, 2018.
Traduction et présentation de Harry Guest, Short Attention Span / Le temps d’une brève attention et autres poèmes. Atelier GuyAnne, 2020.
Traduction et présentation de Katherine Mansfield, This Is My World / Voici mon univers. Poèmes. Introduction de Vincent O’Sullivan. Atelier GuyAnne, 2020.

Avec Vivienne Vermes, METAMORPHOSES. Edition bilingue. Poèmes et nouvelles de Vivienne Vermes traduits par Anne Mounic ; d’Anne Mounic, traduits par Vivienne Vermes. L’Harmattan.
Passages. Edition bilingue. Poèmes et nouvelles de Vivienne Vermes traduits par Anne Mounic ; d’Anne Mounic, traduits par Vivienne Vermes. L’Harmattan.

Notes de lecture

Europe, numéros 928-929, 2006 ; 936, 942, 943-44, 2007 ; 945-46, 947, 949, 954, 2008 ; 957-58, 964-65, 966, 2009 ; 971, 973, 2010 ; 986-87, 2011 ; 993-994, 2012.
Dossier Katherine Mansfield dans Europe, n° 1003-1004, novembre-décembre 2012. Voir Sommaire : http://www.europe-revue.net/pages/recherche-par-titres/parutions-2012/livret-mansfield-r.pdf

Revues

Directrice de publication :

Temporel n° 1 (février 2006) à 30 . https://temporel.fr

Peut-être, revue poétique et philosophique. Association des Amis de l’œuvre de Claude Vigée, n° 1 (janvier 2010), à 13.

https://revuepeut-etre.fr

Quelques extraits d’articles plus récents (2010-2021)

et le grand écart magnifique et déchirant du verbe et de l’être : Entretien entre Michèle Duclos et Anne Mounic

[…]
Michèle Duclos : Tu es à parts égales écrivain et peintre. Guy et toi exposez régulièrement chaque année aux Journées de l’estampe de la place Saint-Sulpice et aussi en Île-de-France. …
Quelle relation établissez-vous entre ces deux arts, poésie et gravure, ou peinture ? Lequel est-il le mieux à même de rendre compte de la réalité extérieure et intérieure ? Quel jugement portez-vous sur les divers mouvements de l’art et ou des arts depuis la fin de la Guerre ?
Anne Mounic : Si je te cite Zola, dans L’Œuvre (1886), tu auras la réponse. Il parle de la « haute et pure simplicité du vrai » : « Seule, la vérité, la nature, est la base possible, la police nécessaire, en dehors de laquelle la folie commence ; et qu’on ne craigne pas d’aplatir l’œuvre, le tempérament est là, qui emportera toujours le créateur. » Cela ne veut pas dire que l’art et la littérature soient là pour imiter la nature, comme le voulaient les Grecs et Winckelmann à leur suite. Cela signifie que les choses trouvent leur extase dans la subjectivité de l’artiste ou du poète. Elles sortent de leur inertie. Nous animons le monde en l’étreignant. Delacroix se plaignait dans son Journal que les spectateurs aient l’œil inerte, ne voyant que le motif représenté, mais pas la vibration du trait, le choix des teintes dans leur relation les unes avec les autres, ce qui révèle ce que Zola nomme « le tempérament ». Le trait ne peut mentir, comme le rythme d’un poème trahit la sensibilité de son auteur, pourvu que l’on accepte cette simplicité qui permet d’éviter toute grandiloquence, toute exposition ostentatoire de soi, et que l’on s’efforce de saisir au plus près le mot juste, la phrase appropriée, ou l’exactitude du modèle. À ce titre, travailler avec un modèle permet d’exprimer la vérité de la vie, qui implique aussi les marques de l’âge et du vieillissement. Paradoxalement, et ceci est vrai de l’écrit comme du croquis, c’est en choisissant le détail signifiant que l’on rend compte de la silhouette d’ensemble de cette réalité que l’on souhaite capter et faire partager. Un œuvre marque un instant qui s’inscrit dans le devenir, non pas comme objet esthétique, mais comme moment de ce que j’appelle, après Imre Kertész et Thomas Mann, l’esprit du récit, cette sorte de passage de relais des moments subjectifs dans l’histoire, tout humaine, de ce que William Blake appelait les « menus détails ». Si l’on sépare le résultat du processus de mise au monde, on perd ce qui fait l’essence de l’œuvre, à savoir tout ce temps dépensé afin de la produire dans son inachèvement. Bernard Groethuysen parle d’un « futur actif ». Arracher le résultat à sa source vivante, c’est se priver, en tant que lecteur, de ce « futur actif » qu’est aussi la lecture. Mais il faut, comme le disait Michel-Ange dans un sonnet dédié à Vittoria Colonna, que l’esprit et la main collaborent à cette « double valeur » (« doppio valor  »). C’est l’instant que l’on pétrit dans ce travail, qui vise l’exactitude par rapport à la source et non la soumission à des critères formels dictés par le conformisme du goût ambiant ou la volonté de paraître et de se distinguer, souvent bruyamment. Le dualisme qu’impose l’autonomie de l’objet esthétique brise le « tempérament » de l’artiste et le condamne au désespoir par inféodation à l’inerte.
Marcel Duchamp a dénoncé cette notion de l’objet esthétique et s’est amusé à créer les « ready-made » qui l’ont rendu célèbre. Les épigones ont systématisé le procédé de sorte que, finalement, en l’absence de trait, de dessin, d’implication dans l’acte, on cherche l’art en vain. C’est, au mieux, de la paresse ; au pire, de la dissimulation, un manque d’audace, un manque de « tempérament » ou une peur de le trahir. Souvent, d’ailleurs, les projets sont grandiloquents. L’artiste se crée lui-même comme monument en ayant perdu la modestie du trait et de l’engagement personnel. La personnalité du « plasticien » (je déteste ce mot) s’affiche avec arrogance en l’absence d’œuvre scellant l’unité de l’intériorité et de l’extériorité. Passons…
[…]

Poésie/première, n° 79, mai 2021, pp. 23-44.
L’entretien est suivi de quelques extraits de recueils de poèmes, de romans et d’essais critiques.

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Présentation d’Anne Mounic par Muriel Baryosher Chemouny au Mercredi des Poètes du 26 février 2020.

« J’ai la joie de vous présenter Anne Mounic aujourd’hui, que j’ai rencontrée il y a sept ans maintenant, très exactement le 9 février 2013, alors que je venais assister pour la première fois à un après-midi de conférences consacrées au poète et essayiste Claude Vigée, ainsi qu’à la présentation de la revue poétique et philosophique « Peut-être ». Cet après-midi avait été organisé par la librairie de la Halle Saint-Pierre à Paris en collaboration avec l’Association des amis de l’œuvre de Claude Vigée, dont Anne était alors et est toujours la présidente.
Ce jour-là, les thématiques abordées, la qualité des interventions, et la personnalité d’Anne, dont émanait une sensibilité et une réelle profondeur, m’ont conquise. Faut-il trouver à propos de sensibilité une espèce d’écho dans l’aveu exprimé par la voix narrative masculine contenue dans le recueil Conscience nomade (p. 43) ? « […] et voici peut-être ce qui demeure puéril en moi, – cet abandon, (je ne puis m’en empêcher), à l’humeur d’autrui, cette vulnérabilité au regard extérieur, cette impossibilité de vivre sans bienveillance ni partage. C’est que je m’égare dans un doux rêve, diront certains ». Elle recherche la délicatesse, Anne, dans la relation à l’autre, comme elle le souligne d’ailleurs dans Vive esquive du rien (p. 136) « C’est tout un art que de savoir ménager la juste distance entre les êtres, et l’art lui-même, à proprement parler, y contribue sans doute ».
Alors, après les conférences, je me suis avancée, très enthousiaste, vers Anne pour lui parler du vif intérêt qu’avait éveillé en moi toutes les interventions, très riches, en parfait accord avec mes sujets de prédilection. C’est comme cela que s’est nouée notre amitié, dont l’œuvre de Claude Vigée a été le catalyseur. Voilà pour notre rencontre. […]

Muriel Baryosher Chemouny

 

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Anne Mounic, aimer l’instant pour aimer

Le 14 novembre 2019

Portrait d’une artiste qui possède le secret de tenir la vie en suspens, loin au-dessus de ce parterre de certitudes où gisent des fleurs artificielles que l’on voudrait nous faire prendre pour éternelles. Anne Mounic, poétesse, écrivain, critique littéraire, universitaire, peintre, sans compromis, tout entière livrée à l’art, nous offre une œuvre étonnante.

Parler de l’intime vérité

On reconnaît dans certains écrits, dans des tracés que des femmes, surtout, ne craignent pas de ravir à l’invisible, l’authentique de l’inachèvement. Écrire, comme s’aventurer dans l’infini. Dans cet espace affranchi, – qui ne se consomme pas, ne s’achète pas, ne se dissout pas dans un récit définitif, – le dialogue […]

Daniella Pinkstein
https://midetplus.fr/portraits/anne-mounic-poetesse-et-peintre/https://midetplus.fr/portraits/anne…

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Anne Mounic, Des infinies métamorphoses de la figure animale dans l’art et la littérature : Sous la toison fondante si douce à imaginer… Paris : Honoré Champion, 2020.

Ce livre, d’une très grande richesse et subtilité dans son analyse du caractère multiple, jusqu’à être contradictoire, du rôle joué par « la figure animale » dans la pensée et dans l’imaginaire des écrivains et aussi des artistes, nous propose un voyage planétaire à travers le temps et les manifestations multiples du bestiaire depuis l’animal domestique jusqu’au monstre imaginaire composite, et ce, dans leur relation identificatoire ou distanciée avec l’homme, qui est un animal comme les autres dont il se distingue par une « infirmité » (Romain Gary) qu’il doit transcender par le langage ou du moins par la parole ; si « Aristote faisait de l’homme un animal raisonnable », « pour Descartes, la rupture est consommée entre l’homme et l’animal, comme elle l’est dans l’homme lui-même », devenu « animal dénaturé », pour Vercors en réponse à la barbarie nazie. La barbarie soviétique est dénoncée de manière plus ludique dans Animal Farm par Orwell.
L’animal est « hôte privilégié » des contes africains, allemands (Grimm…), russes, japonais… et de Perrault, La Fontaine, et jusqu’à nos jours dans les romans de Romain Gary et de Joseph Kessel. En introduction, Mounic rappelle […]

Michèle Duclos
Revue Europe, n° 1109-1110, septembre-octobre 2021.

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Anne Mounic, Voyage au jardin suivi de au moins le bonheur. Poèmes 2019-2020. Chalifert : Atelier GuyAnne, 2021.

[…] Néanmoins cette exploration de l’intime est placée sous l’invocation de la lumière et de la liberté qui réunissent monde extérieur, à nouveau le jardin, une « nature naturante », et vie intérieure, énergie, dans une dynamique de clarté et d’obscur, de « surprenants instants de bonheur déraisonnable » souvent liés à l’écriture et à l’art, et de moments passagers de doute ou d’interrogation devant « l’absolue / étrangeté d’autrui » sur un long temps quotidien « reptile ». Il y a rejet absolu de la rédemption par la souffrance, et des « emmurements dans les frontières / individuelles ». Au bénéfice de la « généreuse tendance / du trait d’union ». […]

Michèle Duclos
Poésie/première, 2021.

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Anne Mounic, Considérer la vie comme digne d’être vécue : Proust à la Recherche du temps perdu. Lormont : Éditions Le Bord de l’Eau, 2020.

Angliciste, traductrice, poète, éditrice, Anne Mounic construit son œuvre avec une grande cohérence qui la mène de Nerval à Proust. Rééditer Petits châteaux de Bohème et Les Chimères (Atelier GuyAnne, http://atelierguyanne. info) consiste à faire objet d’art, puisque textes et poèmes sont mis en regard des gravures de Louis-Albert Demangeon, toutes en délicatesse et en force lorsqu’elles exaltent le corps humain. Prose, poésie, peintures entrelacées. Nerval y apparaît pré-proustien : « Vers cette époque, je me suis trouvé, un jour encore, assez, riche pour enlever aux démolisseurs ci racheter deux lots de boiserie* du salon, peintes par nos amis, j’ai les deux dessus-de-porte de Nanteuil ; le Watteau de Vattier, signé ; les deux panneaux longs de Corot.., » Tout Proust est là, dans l’évocation de l’ancien hôtel de Rambouillet, rue du Doyenné, dispersé. Nerval va chercher chez Ronsard son évocation de la forêt coupée, « La matière demeure et la forme se perd ». Matière de la mémoire, par-delà les formes. Considérer la vie comme digne d’être vécue est entièrement consacré aux huit premières pages de Du côté de chez Swann. Mounic a choisi le fameux incipit, « Longtemps je me suis couché de bonne heure » et la suite non pas comme simple objet d’explication de texte, mais amorce d’une fugue inspirée. L’universitaire nous sensibilise au vertige des temps grammaticaux dès le premier paragraphe mêlant passé composé, imparfait, présent (« Je m’endors »), au début de « ces résurrections de la mémoire » qui passent par les marques temporelles. Comment rechercher « le passé restauré » (Baudelaire) sans le passé composé, puis recomposé ? La poète, en elle, est sensible au phrasé proustien dans ses plis les plus intimes, à l’irruption du futur (« le fauteuil magique le fera voyager à toute vitesse dans le temps et dans l’espace ») dans l’imparfait : le passé restauré dans l’œuvre devient « le futur actif » (Bernard Groethuysen) du récit et de la vie. >

Jean-Pierre Naugrette
Revue des deux mondes, Février 2021.

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Le principe de la collection « Études de style » est simple : appliquer à quelques pages d’une œuvre le commentaire le plus minutieux possible. Dans ce cadre, une lecture serrée du début d’À la recherche du temps perdu, de Marcel Proust, s’imposait. Moins pour son incipit (« Longtemps de me suis couché de bonne heure ») que pour la densité des nuits évoquées. Le héros n’a pas de nom : on ne sait rien de sa situation : le lecteur qui entre dans la Recherche est confronté à tous les brouillages que favorise le sommeil. Bergson parlait du corps comme d’ »une limite mouvante entre l’avenir et le passé » tant nos sensations présentes réactivent le révolu et établissent un pont avec l’à-venir. C’est ici entre rêve et lucidité, enfance et âge adulte, terreur et désir qu’oscille le lecteur, qui fait comme « tout homme qui dort », l’expérience de tenir « en cercle autour de lui le fil des heures, l’ordre des années et des mondes » – un fil dont il prendra toute la mesure à la fin de la Recherche.

Jean-Louis Jeannelle

Le Monde des Livres, 17 janvier 2020.

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Anne Mounic, La Vérité suivi de Vive esquive du rien, utopie de l’étreinte.
Romans. Paris : Éditions Feuilles, 2019.

Anne Mounic, dont une huile intitulée Envols illustre la couverture, a une œuvre importante en tant qu’auteure mais aussi spécialiste de la littérature anglaise et française. Nos lecteurs la connaissent surtout en sa qualité de présidente de l’association consacrée à l’étude de l’oeuvre de Claude Vigée qui édite les cahiers Peut-être.
Anne Mounic propose une présentation éclairante de cette publication récente : « La Vérité, écrit après Vive esquive du n’en, utopie de l’étreinte, se lira ici en premier, l’ordre chronologique inversé, car ce court roman, doté d’une unité d’action et de propos, comme offre une introduction à ce que j’ai développé dans une unité de lieu, le hameau de Vivefontaine, endroit où le récit peut accomplir pleinement ses métamorphoses réparatrices. Dans La Vérité, un couple se voit confronté dans sa maturité à un moment de crise, et donc de choix et de décision ; dans Vive esquive du rien, utopie de l’étreinte, un couple se crée tandis que l’autre, plus âgé, persévère dans son être et ses méditations . . . Le devenir amoureux introduit dans le conte un suspense, qui se déduit de l’écart entre le visage étranger et les tumultes intérieurs. On ne se sent jamais à la hauteur de ce regard inconnu qui paraît impavide et sûr de soi alors qu’on s’éprouve soi-même comme une multitude de questionnements dressée en pelote d’épingles qui picotent. Le récit se tisse sur ce mystère, comme l’arc-en-ciel sur l’abîme. » Deux citations célèbres de Goethe extraites du non moins célèbre Prologue sur le théâtre (Faust I) sont placées en exergue : « Der Menschen Kraft, im Dichter offenbart. / « Die Sterne dürfet ihr verschwenden. »

Maryse Staiber

Revue Alsacienne de Littérature, n° 133. 1er semestre 2020.

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[…] Plus clairement encore ici sont affirmés les fondements épistémologiques de l’entreprise mounicienne, et tout d’abord la relation au(x) temps : « le temps est notre véritable domaine ; c’est lui qu’il faut penser, et non seulement l’objet dans l’espace ». « Ne rien chercher d’autre que l’éclosion de l’instant dans l’instant ». Rôle des lieux aussi, nommés, affirmés, car « Les noms procèdent d’un acte de foi, d’une savoureuse transcendance de l’esprit singulier, celui qui met en communication ». En tant que roman, le texte présente par rapport au récit un déséquilibre quantitatif de la partie consacrée à l’art (aux arts puisqu’ici aussi la relation à la musique est incarnée directement par l’ancienne cantatrice Amalia), même si ces longues et concrètes discussions ou monologues viennent s’inscrire dans les rencontres humaines très concrètes dans des lieux de vie précis.
Dans une reprise – délectable, après une première prise de contact avec la totalité du texte, deux lectures au minimum s’imposeront, dont la première s’attardera sur la vie intérieure, voire intime, des personnages et de leur amour pour leurs paysages aux couleurs si joyeusement colorées dont on ne peut nier l’authenticité : une telle jouissance tranquille répétée de la beauté ne s’invente pas.
Dans un second temps, une écoute encore plus lente sera consacrée aux idées ou plutôt méditations ou discussions esthétiques et éthiques développées à nouveau à plusieurs reprises par la narratrice ; d’où ressort glorifié le rôle bénéfique de l’art et de l’acte créateur : « L’art est une démocratie des consciences (…) et mieux encore la lecture »
L’amour total, partagé, est partagé aussi autour de la fonction artistique qui réalise ce « singulier qu’Anne Mounic distingue une fois de plus de l’individuel et qu’elle rapproche en passant de la présence, terme cher à de nombreux poètes : « Et c’est ce singulier de la parole, par la relation analogique qu’elle instaure entre les êtres, grâce au rapport qu’établit la conscience, qui crée notre humanité. A temps et à toi se révèle la vie à elle-même, dans ses menus détails. Ainsi se renouvelle-t-elle. »
D’autres thèmes majeurs, déjà présents dans le premier récit, sont ici simplement esquissés – l’utopie créatrice et le Songe, (la mort en passant…). Comme dans un opéra de Mozart, le volume se clôt – ou s’ouvre – sur un échange nourri entre les deux couples, majeur et mineur, accompagnés par des comparses fidèles, dans un jardin où leurs enfants cueillent et distribuent des cerises.

Michèle Duclos
Revue Europe, n° 1092, avril 2020.

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Anne Mounic, Poésie et philosophie : Ineffable rigueur. Leiden / Boston : Brill / Rodopi, 2017.

En 1939 la philosophe espagnole Maria Zambrano, disciple d’Ortega y Gasset publiait un ouvrage qui contribua à faire d’elle une des figures les plus importantes de la philosophie espagnole du 20ème siècle : Philosophie et poésie (Traduction française de Jacques Ancet, éditions José Corti, 2004). Découvrant, grâce à sa libraire, l’existence de ce volume majeur et de son auteure, Anne Mounic part, comme son inspiratrice, d’une interrogation, puis d’une exploration sur le rejet des
poètes par Platon, en essayant de voir quelle est la raison de cette mise à l’écart,
pour de très longs siècles, des poètes et d’une partie essentielle de la
psyché humaine. Mais elle inverse la relation « puisque j’aborde le sujet du point de
vue du poème. C’est en tant que poète et chercheur réfléchissant sur l’œuvre
poétique que j’ai lu certains philosophes afin d’approfondir mon étude et
sans doute, de ne pas la confiner dans les limites du Même ». Dans ce long
essai très documenté, on retrouve effectivement les penseurs qui ont permis à
Anne Mounic de tisser le bâti de ses nombreux ouvrages, – et qui sous-tendent son
approche d’un « singulier » subjectif rebelle aux diktats des conventions
sociales et intellectuelles, telle qu’illustrée en particulier en 2015 dans
son L’Inerte ou l’exquis : Pensée poétique, pensée du singulier (Champion), – Maine de Biran, Kierkegaard, Meschonnic, Levinas, Martin Buber, Michel Henry, Robert Misrahi,– une pensée qui s’inscrit tout naturellement dans la pensée d’un Chestov, ainsi que de poètes qui sont également des penseurs, Benjamin Fondane et Claude Vigée, mais aussi Hölderlin, Baudelaire, Rimbaud et Supervielle, Valéry, Rilke… ; du côté britannique, Shakespeare, William Blake et Robert Graves… Mais ici, particulièrement en mettant en regard Baudelaire et Kierkegaard, puis Benjamin Fondane et Chestov, Anne Mounic montre que la philosophie existentielle (Kierkegaard) rejoint le point de vue poétique et que la poésie se réserve le pouvoir d’ouverture, de commencement, ou d’origine, parce qu’elle affirme sa qualité subjective et singulière. « Le sujet, écrit-elle, c’est l’origine. Que le poète se soumette à la philosophie idéaliste et il s’enferme dans l’impossible. »
On retrouve dans cet imposant volume, aboutissement d’années de recherche et de lecture, toute l’énergie et l’originalité de sa pensée, qui s’inscrit aussi, en la
poussant plus loin, dans la grande impulsion épistémologique redonnée à la
poésie et à l’imagination par Saint-John Perse dans son discours de
réception du Prix Nobel à Stockholm, une impulsion confirmée dès le milieu
de années quatre-vingt du siècle écoulé, entre autres, par des penseurs tels
que Gilbert Durand et tout un mouvement de renouvellement
paradigmatique manifesté à l’occasion de plusieurs des colloques (Cordoue,
puis Tsukuba…) scellant la réconciliation à égalité des deux sphères du
cerveau humain.

Michèle Duclos
Europe, septembre-octobre 2018, n° 1073-1074.

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Anne Mounic, Force, parole, liberté : Rupture tragique ou continuité du récit. Paris : Honoré Champion, 2018

Les lecteurs de Monde terrible où naitre : La voix singulière face à l’Histoire (Paris, Honoré Champion, 2011) ; L’inerte ou l’exquis ! Pensée poétique, pensée du singulier (Paris, Honoré Champion, 2015) ; Ineffable rigueur : Poésie et philosophie (Leyden / Boston Brill/Rodopi, 2017), pour ne citer que les plus récents parmi ses essais majeurs retrouveront ici sans surprise la pensée d’Anne Mounic placée sous le signe de la singularité ou plutôt de la revendication du singulier (dans les deux sens du terme) et de la subjectivité, une pensée qui dénonce ardemment les divers dualismes d’un ordre social et culturel engagé dans une « impasse tragique (…) cultivée par le pouvoir afin de soumettre l’individu » (p.14), lui opposant « Une nouvelle facette existentielle » qui suit le « mouvement de l’existence » que peuvent développer la littérature et les arts. Car « Si la tragédie met en scène rituellement le sacrifice de l’individu afin de restaurer la cohérence collective (…) l’utopie du récit transmet au singulier un lieu de nulle part en incessante métamorphose » ( p.15).
Au « tragique sacrificiel » et au temps chronologique, elle oppose une liberté qui n’implique ni le laisser-aller ni l’anarchie de la forme et qui se réclame du rythme à l’instar de Meschonnic, et après Michel Henry d’un « humanisme ouvert ».
Les chapitres qui suivent analysent tous séparément, de manière individuelle concrète, dans un grand tourbillon de références passagères ou de premier plan les aspects négatifs (Mallarmé, Pascal, Kafka…), mais surtout constructeurs de cette dynamique créatrice chez plusieurs auteurs ou œuvres en un combat et illustration de liberté métaphysique (le temps chez Proust et Bergson) ou formelle : ainsi au chapitre.2 intitulé « Sacrifice et rupture : une lecture d’Oedipe-Roi de Sophocle Tragédie et Catharsis » ; et au chapitre 3 : « La résistance de la vie à l’utopie du récit dans The Portrait of a Lady d’Henry James » ; et au chapitre 5 « « l’utopie du récit chez E. M. Foster »… Mounic souligne chez Stevie Smith, dont elle a traduit les Poèmes, le rôle émancipateur de l’humour. Elle s’attarde sur tel poème de Rilke ou de Tomlinson ou telle nouvelle de Poe. Le tout avec un foisonnement de noms et d’œuvres dont elle est coutumière, où reviennent ceux de Vigée et de Meschonnic, Kierkegaard et aussi Chestov et Blake.
Le titre du chapitre final, « Ouverture », répond d’avance à la question : « L’œuvre est-elle résistance au temps ou accueil du devenir », en privilégiant ce dernier : « Le rythme poétique tente une conciliation des contraires au sein du temps cyclique des saisons, le renouveau de l’espoir donnant au devenir la figure d’une spirale. » Mais n’est-ce pas aussi cette spirale (titre d’un de ses premiers romans) qui caractérise l’exploration créatrice déjà longue d’Anne Mounic elle-même ?

Michèle Duclos

Revue Europe, novembre-décembre 2018, n° 1075-1076.

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Anne Mounic, Plus que lune – sur la lente échelle du rythme. Paris : Éditions Feuilles/Fictions, 2016.

Plus que lune est un roman protéiforme avec ses tonalités sociologique et philosophique. La structure du livre rythmée par des œuvres musicales épouse les mouvements de l’existence sur fond de modernité déstabilisante. Les personnages d’origines sociales toutes différentes sont avant tout des êtres de parole qui se rencontrent, le chef d’entreprise, le chômeur de plus de cinquante ans, l’étudiante, l’enseignante… Tous sont en perpétuel devenir, certains dans l’interrogation d’une société en faillite et dans l’espoir d’une ouverture. Un personnage, Constance, fait se rencontrer certains d’entre eux sur un plateau de télévision tentant de faire émerger la part d’humanité qui les rassemble en dépit de leur différence jusqu’à ce qu’une présence impromptue surgisse et renverse toute tentative de rencontre. Mais ce qui aurait pu briser net la continuité du roman, celle des rencontres et des échanges dans une certaine constance, n’a finalement pas eu la prise aussi dévastatrice qu’on pouvait redouter. Le surgissement d’Hervé, non invité, a certes apporté « l’effroi » et la « paralysie » comme un attentat contre la pensée, cependant certains échanges repris se sont au contraire enrichis.
Si le roman s’inscrit a priori dans une linéarité, celui-ci est loin d’épouser les habitudes narratives. Le mouvement est prenant. Tout bouge dans cette écriture, et la pensée, la réflexion, sont invitées au devant de la scène.
Les travers de notre société sont mis en relief par les propos des uns et des autres et par les réflexions de la narratrice. Sur le travail : « Le temps des fous du travail est venu. Il ne suffit pas de gagner sa vie. On réclame un réel héroïsme, mélange d’abnégation, de soumissions, d’ardeur à se battre, à s’imposer, à être le meilleur » ; l’être est devenu un « capital humain ». Sur le langage : Il s’agit pour chacun de trouver les « mots qui convertissent en acte les peines de l’ombre », « les mots qui font surgir la lumière et transforment l’impuissance tragique en périlleuse traversée épique. Les mots s’emparent de la douleur et la pétrissent comme pâte de l’aventure. » Entre les personnages, les mots sont source de réflexion qui les poussent toujours plus loin dans leur approche d’eux-mêmes. Ils font germer l’humanité. Cependant, pour certains protagonistes, comme la jeune étudiante Mona par exemple qui « ne lisait pas », « les mots » n’ont qu’une « valeur d’usage ». Ils lui servent pour « affirmer sa personnalité ». Ils sont trop souvent utilisés pour assurer un rapport de force avec les autres. Ils finissent par être trop ancrés dans une réalité ravagée par « le culte de l’actuel » et du téléphone portable. Une perte irrémédiable du sens, de la recherche du sacré, de l’épiphanie, frappe l’époque, la littérature des siècles passés s’évanouissant devant les romans de gare. Mona est le personnage qui incarne la vacuité même. Une autre étudiante s’est au contraire engagée dans une recherche de soi et du « sens de son existence », sans que son acharnement puisse nécessairement lui offrir un avenir tangible. Un mouvement gratuit se met en branle pour donner sens à la vie d’un être. C’est aussi ce genre d’étudiante qui donne un sens au travail d’une de ses enseignantes. Des dialogues s’élaborent entre les personnages pour éveiller des questionnements sur soi, pour mesurer le degré d’interrogation. Et le discours indirect vient aussi estomper la séparation entre la réflexion de la narratrice et celle d’un personnage. La frontière entre le commencement et la fin du discours devient floue : écrivain vivant à l’hôtel, « Constance dit pourtant que l’intelligence s’aiguise de ne pas se fermer au pathos. (…) La parole nous assure du lien, – en nous, entre nous –, d’où naît la liberté. Nous nous portons vers autrui sur l’axe horizontal de la rencontre ; nous nous éprouvons nous-mêmes sur l’axe vertical du rythme et de la voix. Nous vivons, entre notre histoire et l’instant, à la croisée des consciences. »
Des tableaux se succèdent, se complètent et se répondent comme s’ils avaient été écrits au gré des jours et dans une espèce d’échos. Les personnages se retrouvent au fil du roman, changé par un retournement dans leur existence ou par des réflexions de plus en plus abouties à travers les échanges. Des intermèdes voués à la musique permettent de supporter la rude réalité traversée par tous les protagonistes qui « essaient de vivre ». La narratrice semble retrouver une certaine harmonie aux rythmes divers. Elle s’interroge également sur les actes de ses personnages. C’est un roman sans véritable histoire, peut-être pour dire une certaine vacuité, une confusion dans laquelle certains êtres peuvent vivre. Le livre s’ancre sur la réception du monde dans lesquels les êtres vivent et où l’aspect tragique plane. Il vise à interroger l’existence à travers des personnalités différentes, à mesurer « l’instabilité sociale » de notre monde, à poser les jalons d’une certaine éthique de vivre avec soi-même et les autres.
Celui qui réfléchit peut se sentir en marge de la société comme l’écrivain qui écrit le livre et se faufile un peu dans toutes les personnalités présentes. La parole est le lien suprême entre toutes les personnalités.
Le livre cherche à mettre en relief le problème crucial de la perte du sens et la volonté, malgré tout, grâce à des individualités qui résistent, de redonner espoir. Ainsi pouvons-nous retenir les propos de Magali et de Nadine :
« – Je me dis parfois que nous vivons dans un monde épuisé, reconnaît Magali, épuisé de rivalités, désorienté, pris dans des jugements sans fond, en pure et sèche extériorité. On fait les choses, non pour elles-mêmes et en considérant leur substance propre, mais pour l’effet qu’elles auront en termes de prestige, de pouvoir ou de carrière. C’est une agitation du signe, non plus un mouvement qui ressource la valeur de vivre.
 Même si le monde paraît se renier, moi, je ne veux pas me renier, poursuit Nadine en reprenant le fil de ses pensées, et je suis sûre que je veux venir en aide à l’adolescente que j’étais en demeurant fidèle à ce qu’elle voulait au plus profond. Je me souviens qu’elle se promettait alors de se montrer fidèle à elle-même au cours de sa vie, de ne pas s’abandonner à une forme de démission, ou de trahison. ».
Face à la menace de déshumanisation, la parole permet d’exprimer le « mouvement de l’esprit » qui n’a de cesse de vouloir, tendu vers l’apprentissage du savoir et de l’échange.

Nelly Carnet

Temporel n° 24, octobre 2017.

https://temporel.fr/Notes-de-lecture-de-Nelly-Carnet-1273https://temporel.fr/Notes-de-lectur…

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Anne Mounic, Le Dit du corbeau et autres nouvelles. Paris : Feuilles Fictions, 2014.

L’œuvre d’Anne Mounic, que l’on peut aujourd’hui considérer comme majeure dans l’ampleur de son développement, mais surtout dans l’originalité de ses manifestations et dans la fermeté des convictions intellectuelles qui s’y incarnent, peut, semble-t-il, se subsumer en l’opposition d’une part entre la collectivité, la société avec leurs conventions, la pensée « objective », « l’objectivité sans affect » (79) qui cherchent à nous limiter à « la terrible cage de notre être mortel » (19) et d’autre part, alors que « la forme de notre âme est rythme, fluide pulsation » (39), la subjectivité, mot clé souvent cité lié au choix individuel, à la liberté de vivre, de penser et d’écrire, rencontre du dedans et du dehors ‒ « harmonie du paysage et de l’être » (22), là où « c’est l’être qui bondit hors de ses limites » et finalement « la bonne extase » (41). Les récits partent souvent d’un incident, un quidam aperçu depuis l’autobus, une rencontre accidentelle répétée avec un individu taciturne ; ils deviennent un questionnement pour l’imaginaire, indépendamment de l’objectivité chronologique ou du réalisme spatial.
« L’au-delà », dit dans le présent volume le narrateur de la première novella (quel que soit le sens qu’il confère à ce terme d’au-delà) qui […]

Michèle Duclos
Europe, avril 2015, n° 1032, pp. 351-353.

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[…]
Et rien n’est plus contraire à cette philosophie de la liberté que la guerre, « emprise abusive du collectif », qui soumet à cette folie générale l’intimité de chacun, sa « demeure » propre, et la sacrifie à l’idole moderne de la « grande Histoire » avec ses cruautés sans recours ». C’est ce que dit le corbeau, cet oiseau de malheur malgré lui, qui engage un dialogue muet, un « dit », avec un blessée d’août 14 dans une tranchée, un certain Émile, et avec sa fiancée qui l’attend à Paris, lisant et relisant ces rares et laconiques lettres venues du front, pieux mensonges pour la plupart. Ce sont des pages bouleversantes, riches d’aperçus. […]

Jean Lacoste, La Nouvelle Quinzaine littéraire, n° 1121, janvier 2015.

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Anne Mounic, Monde terrible où naître : La voix singulière face à l’Histoire. Paris : Champion, 2011.

En 2014, il va nous falloir découvrir la voix singulière des poètes face à l’Histoire. Dans une magnifique étude, Monde terrible où naître (Honoré Champion, 2011), Anne Mounic donne à connaître ce singulier qui résiste. « Le poème nous permet de contempler la pensée en sa source incarnée, et en ses conséquences à l’égard du choix de la vie ou de la mort que fait l’individu, mais aussi toute civilisation », écrit l’universitaire en amont de son voyage au bout de cet espace infernal que fut le premier conflit mondial. Citons simplement le Britannique Robert Graves (1895-1985), qui nous a donné à jamais ce conseil (To Lucia at birth) :

Then reckon time by what you are or do,
Not by the epochs of the war they spread.
Hark how they roar ; but never turn your head.
Nothing will change them, let them not change you.

Évalue dès lors le temps selon ce que tu es, ce que tu fais,
Non par les étapes de cette guerre qu’ils répandent.
Prends garde à leurs rugissements, mais ne tourne jamais la tête.
Rien ne les transformera, ne les laisse pas te transformer.

Quand les oiseleurs commémoratifs nous gaveront de leurs discours empoisonnés durant l’année qui s’ouvre, sachons les récuser. Voici, en guise de viatique audiovisuel, un montage de propos et chansons de Georges Brassens sur la guerre. Le futur artiste anarchisant n’avait pas été courageux durant l’occupation nazie (il s’en explique ci-dessous à 9 min 45), mais sa lucidité sur la malédiction belliciste, qui nous a enveloppés depuis 1914, vaut le détour. Clouons le bec des célébrateurs patentés avec ce retour, inépuisable, aux sources libertaires et antimilitaristes !…

Antoine Perraud, Médiapart, lundi 6 janvier 2014, édition de la mi-journée.

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Résumer le livre d’Anne Mounic, poète, essayiste et universitaire, est à la fois aisé et malaisé. Aisé, car la thèse ambitieuse et forte s’énonce clairement, chapitre après chapitre, et convainc sans coup férir : avec les poètes et écrivains de la Première, puis de la Seconde Guerre mondiale, s’affirme un enjeu majeur, d’ordre éthique, qui tient au refus manifesté par les Isaac Rosenberg, Wilfrid Owen, Siegfried Sassoon, Robert Graves, Henri Barbusse, Blaise Cendrars, Edmund Blunden et autres David Jones, etc., de céder, ne serait‑ce qu’un pouce, à l’ivresse du sacrifice, au culte de la puissance virile, à l’idéologie de la guerre, d’un mot. Au grand théâtre de la mort, et à sa valorisation esthétique, les poètes et écrivains en question n’avaient que leur voix singulière à opposer, soit une réponse existentielle « puisée au silence énigmatique de l’instant, à son chaos » (p. 342). Une voix à même de dramatiser l’existence, rapportée à « une puissance d’être » elle‑même singulière, car elle‑même proche, à l’occasion, d’une forme de passivité apparente mal perçue en des temps d’affrontements. Une voix, des voix, pas forcément en mesure de renouveler l’expression poétique — A. Mounic, pourtant poète elle-même, et prolifique par dessus le marché, ne croit pas en l’innovation en matière poétique —, mais de nature à plaider pour une autre conception de la modernité en poésie. Là se tient du reste la dimension la plus polémique d’un ouvrage qui n’en oublie pas de faire la guerre contre tout ce qui relève, à plus ou moins juste titre, et pour le dire rapidement, de la sacralisation de l’écriture, ou de la forme, ce monde clos dans lequel A. Mounic n’est pas loin de voir une reprise de l’antique « rêve de pierre » accordé aux autres fixités mortifères de l’Idéal.

2 Malaisé, car le Monde terrible où naître contient en son sein la matière d’au moins trois livres, censés en renforcer l’unité profonde, laquelle […]

Marc Porée, Acta Fabula.
http://www.fabula.org/revue/document8019.php#.UiQ9RPaVKUc.emailhttp://www.fabula.org/revue/documen…

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Anne Mounic, L’Esprit du récit ou la chair du devenir : Éthique et création littéraire. Paris : Honoré Champion, 2013.

Ce livre important s’inscrit dans la récente mouvance d’études portant sur la fonction éthique de la littérature (il faut entendre ce mot sous son acception large de création, fiction, récit, poésie, etc.) et dans une lignée de penseurs, linguistes et poètes aussi divers que Fondane, Henry, Levinas, Benveniste, Kierkegaard, Buber, Meschonnic et Vigée. Restant toujours très près d’un vaste matériau littéraire soigneusement agencéet choisi, Anne Mounic dégage ce qu’elle appelle ‘l’esprit du récit’ — terme que Kertész avait emprunté à Thomas Mann — et qui n’est rien d’autre que la marque transhistorique de l’irréductible liberté qui se fait jour par devers le langage, dans ce travail d’intériorité et de fidélité absolue à l’émotion que l’expression artistique sera à même de faire naître. Brisant là avec les dichotomies langage/réel, impression/expression, expérience/cognition, Mounic retrace une généalogie de cet esprit du récit qui témoigne de la ‘foi expérimentale’ (Proust, cité p. 34) qui motive la pensée poétique. Cette dernière se situe perpétuellement au bord du gouffre mais n’a de cesse qu’elle n’ait dégagé la singularité (sujet impersonnel de la parole poétique) aux prises avec l’Ego et son désir de leurre. Ce choix éthique de fonder l’intériorité dans un réseau de rapports établis librement et au diapason d’un réel réfracté au plus profond de l’intimité de l’artiste se manifeste dans l’infinité des œuvres d’art. Ici, ce seront celles de Shakespeare, Blake, Moore, Graves, Proust, Dickinson, Lawrence, Eliot, Melville, Fondane, Weil, Kafka, Baudelaire, Wordsworth, Vigée, etc. Des analyses maîtrisées […]

Hugues Azérad, French Studies (2014) 68(2) :280-281.

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Anne Mounic, La Dame à la licorne, suivi de Du coin de l’œil où perlent les larmes. Perros-Guirec, Anagrammes, 2010.

Ou comment la fascination pour la tapisserie de la Dame à la licorne, ses nombreuses références spirituelles et ses codes épiques, peuvent inspirer une réflexion sur l’être et la quête de la vérité intime. Dans les deux longues nouvelles qui composent ce livre, ce sont des faits a priori sans importance – la visite d’un couple au musée de Cluny, l’arrivée d’une nouvelle élève dans une classe en 1967 – qui suscitent le souvenir et par conséquence cette quasi-méditation mêlant réel et imaginaire, récit et roman. Toute l’œuvre d’Anne Mounic est reliée par un fil poétique. […]

Pascale Monnier, Ouest-France, vendredi 13 août 2010.

Je propose, en ce curieux mois d’avril, où le Canard enchaîné suggère en titre de reporter, « par mesure de précaution », le 1er avril 2020 au 1er avril 2021, le très beau texte de présentation de Muriel Baryosher Chemouny lors du Mercredi des poètes du 26 février 2020, – juste à temps ! Je remercie encore les organisateurs, Bernard Fournier et Danièle Corre, ainsi que ceux qui sont venus nous écouter toutes deux, Muriel et moi.

Je signale également la parution, dans Europe, n° 1092, avril 2020, de l’article de Michèle Duclos sur La Vérité, suivi de Vive esquive du rien, utopie de l’étreinte (Feuilles/Beauchesne, 2019), pp. 318-320.

« J’ai la joie de vous présenter Anne Mounic aujourd’hui, que j’ai rencontrée il y a sept ans maintenant, très exactement le 9 février 2013, alors que je venais assister pour la première fois à un après-midi de conférences consacrées au poète et essayiste Claude Vigée, ainsi qu’à la présentation de la revue poétique et philosophique « Peut-être ». Cet après-midi avait été organisé par la librairie de la Halle Saint-Pierre à Paris en collaboration avec l’Association des amis de l’œuvre de Claude Vigée, dont Anne était alors et est toujours la présidente.
Ce jour-là, les thématiques abordées, la qualité des interventions, et la personnalité d’Anne, dont émanait une sensibilité et une réelle profondeur, m’ont conquise. Faut-il trouver à propos de sensibilité une espèce d’écho dans l’aveu exprimé par la voix narrative masculine contenue dans le recueil Conscience nomade (p. 43) ? « […] et voici peut-être ce qui demeure puéril en moi, – cet abandon, (je ne puis m’en empêcher), à l’humeur d’autrui, cette vulnérabilité au regard extérieur, cette impossibilité de vivre sans bienveillance ni partage. C’est que je m’égare dans un doux rêve, diront certains ». Elle recherche la délicatesse, Anne, dans la relation à l’autre, comme elle le souligne d’ailleurs dans Vive esquive du rien (p. 136) « C’est tout un art que de savoir ménager la juste distance entre les êtres, et l’art lui-même, à proprement parler, y contribue sans doute ».
Alors, après les conférences, je me suis avancée, très enthousiaste, vers Anne pour lui parler du vif intérêt qu’avait éveillé en moi toutes les interventions, très riches, en parfait accord avec mes sujets de prédilection. C’est comme cela que s’est nouée notre amitié, dont l’œuvre de Claude Vigée a été le catalyseur. Voilà pour notre rencontre.
Mais, comme vous ne me connaissez pas, me voici obligée de me présenter à vous rapidement… J’ai étudié à l’Institut des Langues et Civilisations orientales où j’ai reçu la double formation d’hébreu et de chinois et où j’ai eu le privilège de suivre durant plusieurs années en particulier les cours de (l’académicien d’origine chinoise) François Cheng. Cette rencontre a eu le bonheur de laisser des traces profondes en moi. J’enseigne aujourd’hui la civilisation chinoise à la Sorbonne Nouvelle, ainsi qu’un autre cours, qui est en lien direct cette fois avec ma propre passion et répond aux intérêts intellectuels et philosophiques de Claude Vigée et d’Anne. Il s’agit d’un cycle de cours sur le symbolisme contenu dans les mythes présents dans deux types de corpus de textes : ceux issus de la Bible hébraïque et ceux chinois issus du courant de pensée taoïste. Ces deux corpus de textes étant analysés dans une perspective comparatiste, passant nécessairement par la traduction de certains passages et leurs différentes interprétations. L’intérêt de cette analyse comparatiste des textes est d’en extraire les notions essentielles, de les analyser soit dans leur convergence, soit dans leur divergences, toujours enrichissantes, soit plus largement encore d’y dégager leur contenu universel.
Mais il est temps de revenir à Anne, l’invitée de cet après-midi poétique. Pour vous la présenter plus précisément, tout d’abord elle a enseigné la littérature anglaise à la Sorbonne nouvelle de 1993 à 2016. Avec passion sans doute, ce dont témoigne l’abondance de sa production littéraire, polymorphe, entre essais, romans, nouvelles, poésies, traductions et autres ouvrages de critique littéraire ! Car si sa personnalité est discrète, elle recèle une individualité animée d’un fervent souffle qui traverse ses œuvres de plume, et de pinceau puisqu’Anne est également peintre et graveur, et férue de dessin depuis l’âge de quatorze ans. Ayant quitté la chaire universitaire depuis peu, elle se consacre désormais plus librement à ses propres travaux, où – toujours – figure, à travers les illustrations qui répondent aux textes, la présence de celui qui partage sa vie d’artiste et d’écrivain depuis quarante-six ans, Guy Braun. Lui-même enseignant et graveur, spécialiste de la technique manière noire « une sorte de conversion de l’être à la lumière » (Vive esquive du rien, utopie de l’étreinte, p.144), Guy aurait dû être aux côtés d’Anne aujourd’hui, à ma place pour vous la présenter…
Maintenant, pour entrer dans le vif du sujet, l’écriture, si vous me demandiez de retenir quelques mots-clés évidents des écrits d’Anne – poésie, romans et nouvelles – je vous dirais : « voyage » (en Italie), « moelleux » (qui renvoie pour moi, en quelques citations, tout autant au « fourmillement des mille et une sensations charnelles » (La Vérité p. 35) – tels « le grisé, le camaïeu, le velouté des modelés » perçus par l’œil de l’artiste, que les « tendres subtilités du noir et du blanc » qu’apprécie Jérémie l’un des protagonistes dans le roman La Vérité (p. 59) ou encore « l’onctuosité de l’ombre » – qu’à la singularité d’un sujet (La Vérité, p.35 : « la voix narrative, dans son utopie […] déploie tout le moelleux du sujet dans ses complexités particulières »
Mais je dirais que le moelleux, c’est aussi tout simplement jouir des moments banals de la vie, en pleine conscience ! « Nous revenons de très loin lorsque le jour, lentement, se glisse dans nos yeux, qui s’ouvrent alors, comme neufs. Et vient le plaisir du bain, de se peigner, de se coiffer, d’enfiler des vêtements propres dans la clarté matinale, toute de promesse et de parfum frais. Nous nous insinuons alors dans les mouvements de la journée, sans y penser. Il suffit de la vivre, en conscience. » (Conscience nomade, en Toscane, p. 64)
Il y a encore un autre mot clé, « le poétique », (en tant que façonnage d’une œuvre qui consiste à « creuser le moment présent à l’aide de toutes les nuances et subtilités d’une langue dont la connaissance ne nous est jamais donnée, mais s’approfondit sans cesse dans l’effort de conter les métamorphoses de ce qui vit » Conscience nomade p. 45).
Et puis il y a aussi le souffle de vie, la résonance – inscrite comme un écho de page en page dans le roman La Vérité –, la présence aussi, l’amour (La Vérité p. 32 choisir l’amour […] revient à choisir la vie), le partage, la liberté ! Tout simplement, n’est-ce pas en somme, dans un même accord, « Le jaillissement de la vie » ? Oui c’est cela, c’est à sa source la plus enfouie qu’Anne puise son inspiration créatrice.
Alors, avec cette détermination évidente de célébrer la vie, quoi de plus naturel pour Anne que de s’être faite, depuis une quinzaine d’années, la « porte-parole » de l’écrivain, essayiste et poète juif alsacien, Claude André Strauss dont le nom qu’il a choisi – Claude Vigée, Vie j’ai ! – est un cri à la vie ! À l’époque où Claude Vigée avait encore son épouse Évy à ses côtés, celle-ci lui avait suggéré de créer une association. « L’Association des amis de l’œuvre de Claude Vigée » a donc vu le jour, société d’auteur, présidée par Anne, qu’elle contribue à pérenniser activement avec courage, grâce notamment à l’organisation d’après-midi poétiques annuels ainsi qu’à la publication d’une revue. À ce propos, Anne avait donc proposé à Claude Vigée, à l’époque, de publier une véritable revue, dans le cadre de l’association. « À l’origine de l’idée de la revue – explique-t-elle – l’écoute de l’œuvre de Claude Vigée, œuvre ouverte, non seulement parce qu’il écrit encore, mais également par le fait qu’il chante le constant retour à la source, concevant le poème comme élan du commencement, comme mouvement de “surrection” », selon les termes de Claude Vigée.
Ainsi, en 2010, est née Peut-être, revue poétique et philosophique. Le choix du titre n’a pas été fortuit puisque « Peut-être » renvoie au nom propre de la divine présence dans la Kabbale (Oulaï, Tikkouné-ha-Zohar, 69) et correspond, comme le précisait Yves Le Gall dans un article consacré à la revue, paru en 2013 dans le Matricule des Anges, à l’hésitation face à l’infini http://revuepeut-etre.fr/?On-en-parle. Pourquoi, en outre, ces épithètes « poétique et philosophique » ? Ne serait-ce pas à dessein de transcender les frontières académiques établies entre ces deux disciplines – philosophie et poésie – et de mettre en exergue leur complémentarité, voire leur continuité : la poétique du texte philosophique et le contenu philosophique de la poésie, dans la perspective plus large de bannir tout clivage afin d’affirmer finalement l’unité de la pensée, de la vie.
Et je voudrais reprendre, à ce sujet, une réflexion d’Anne figurant dans l’avant-propos de son tout nouvel ouvrage, dont elle va nous entretenir aujourd’hui, paru aux éditions Feuilles intitulé La Vérité suivi de Vive esquive du rien au sujet de l’intégrité de la personne : « L’intégrité de la personne n’admet pas de scission entre sensation et pensée ». Pas de scission, mais la résonance, car dit-elle, « Seule la résonance est vérité » (p.22), « la résonance noue l’un à l’autre des mondes » (p. 19), et j’ajouterai l’un à l’autre des êtres. Elle est l’amour, elle est l’empathie, elle fonde la confiance. Elle est aussi le legato, lien musical, fil ininterrompu du son, de la vibration, de la vie… Car, comme le dit Jérémie l’un des personnages dans le roman La Vérité (p.54) : « c’est à la source que s’insinue la résonance, dans les modulations de la conscience et des consciences, le multiple et son jeu d’analogies, ou de rapports. Cette fluidité, alliée à la souplesse, féconde le lieu et le sens, une seule et même chose. ».
Cependant, il serait idéal – donc faux eu égard à la réalité humaine – de ne voir que fluidité au long de l’existence. Car s’immisce naturellement dans le cours de la vie le doute. L’incertitude du « presque », du « quasi », ou du « peut-être » du devenir de chacun. « […] il avait oublié le « presque » ou le « quasi » qui, en temps normal, lorsque l’esprit n’a pas été poussé hors de ses gonds témoignent de la réalité du vivant et de la frénésie de la lutte avec l’avenir » (La Vérité, p.29). Car si le divin est lui-même « peut-être », alors combien le sommes-nous aussi, nous-mêmes, faibles pastiches du divin ? Or, y a-t-il fatalité ? Ce doute est-il facteur d’angoisse aliénante, tragique ou au tout autant alternative prometteuse, vivifiante ? « Au lieu-dit de la Grande Ruelle s’ouvrent tous les possibles », dit une voix de La Vérité (p. 134)… Le choix, toujours le choix ! Dans cet entre-deux du doute sont émises les forces de vie, de renouvellement, de créativité ; il suffit de les capter. Car « Fluides, les ondes nimbaient à l’aveugle le double fond de notre monde, vibrant dans les interstices et à la source ».
La source, nous y voilà. Vivefontaine. Vivefontaine est un « petit village » (p.153, pp. 146-154) que nous, lecteurs, découvrons en compagnie de Corinne l’une des protagonistes du récit Vive esquive du rien, utopie de l’étreinte. Tout à ses pensées vagabondes, entraînant les nôtres dans ses pas, Corinne chemine dans des lieux aux noms éloquents : du village de Vivefontaine (p.146), elle traverse la pommeraie – songerait-on là à quelque jardin des Hespérides ou autre jardin d’Éden ? – Les ruelles de la Pleine-Lune, de la Nouvelle-Lune balisent cette déambulation quasi cosmogonique où chacune débouche sur un réseau de ramifications, comme infini : « on n’y connaissait que transformation – nous dit-on –. Nulle rupture. […] Tout n’était que continuité » (p. 153).
Cependant, Vivefontaine, ce lieu microcosmique des pérégrinations initiatiques de Corinne, femme d’âge mûr, ne serait sans doute pas authentique, s’il n’y avait pas quelque lieu inquiétant, qui ne se laisse jamais oublier : le lieu-dit de la Négation. Négation qui « ondule comme reptile » (p. 51) dans l’esprit du pauvre Jérémie, un des personnages centraux du roman La Vérité, dans lequel il est – heureusement provisoirement – amoureux éconduit. Dans Vive esquive du rien, il est précisé que ce « lieu-dit de la Négation dépendait aussi de Vivefontaine, paradoxalement peut-être (Corinne n’avait pas choisi de vivre à Mortefontaine, dans ce lieu au nord de Paris que peignit Corot à faire tant rêver), ou tout simplement de façon réaliste, même si, dans ce lieu du retrait, dans ce lieu hors du monde, mais au cœur de soi, les idées, ainsi que les attitudes psychiques, échappaient à leurs conséquences irréparables. On n’en pressentait pas moins le danger » (p. 146 et p. 158). Faut-il « Explorer la Négation ? – s’interroge Corinne – n’est-ce pas déjà peu ou prou s’y soumettre ? Et résister, c’est aussi se laisser déterminer par ce à quoi on résiste. » (Vive esquive, p. 159).
Vous l’avez bien compris, il faut comprendre la Négation, comme toute rupture dans l’élan jaillissant de la vie, comme toute accointance de près ou de loin avec la destruction voire la mort. Et j’en ai retenu un exemple en particulier, qui m’a frappée, dans le roman La Vérité. Il s’agit d’un ouvrage, que l’un des protagonistes Jérémie a lu, dont l’histoire vraie est si tragique et injuste qu’elle ne cesse de le poursuivre amplifiant son propre tourment. Une histoire vraie et cruelle du passé, celle d’une expérimentation scientifique, une lobotomie pratiquée en 1953 par William Scoville, neurochirurgien américain du Connecticut. Le cobaye humain, Henry Gustav Molaison (1926-2008), atteint d’épilepsie, avait subi cette intervention en vue d’une amélioration de ses crises. Il en fut guéri ; mais, à la place, rendu amnésique, en même temps que célèbre par la science, affublé de ses deux initiales de patient H.M. Une fois vidé de sa substance, il ne resta de lui que son fantôme, victime lui aussi du cynisme de quelque chercheur lui demandant s’il était heureux d’être célèbre !
Alors on ne peut manquer, face à toute forme de barbarie, de se raccrocher à la parole du Deutéronome qui enjoint chaque humain, désigné par un « tu » familier, de choisir le chemin de la vie : « J’en atteste sur vous, en ce jour, le ciel et la terre : j’ai placé devant toi la vie et la mort, le bonheur et la calamité ; choisis la vie ! » C’est un effort de volonté qui est exigé ici : vaincre les épreuves initiatiques de la vie – comme les héros de nos épopées ont à vaincre les leurs. Suivre ce chemin ne va pas de soi ; cet acte suppose une puissance intérieure, qui peut s’amplifier au contact de la vie : « La jouissance de vivre s’arc-boute contre la négation et tout le désespoir qu’elle essaime » (Conscience nomade, p. 50). Car l’autre chemin coexiste, trop facilement accessible, celui de la Négation, de l’abandon, séduisant comme le gouffre peut l’être pour qui est sujet au vertige…
Si le narrateur dans La Vérité (p. 34) a fait le choix comme il l’affirme d’« acquiescer à l’infini », on comprend depuis le début que ce choix est aussi celui d’Anne, constamment en filigrane dans ses écrits. « Acquiescer à l’infini » pour tout créateur, autrement dit « celui qui se risque à œuvrer » qu’il soit artiste, écrivain littéraire, philosophe, ou autre, consiste à découvrir « en lui-même, dans son individualité, une certitude première, celle de sa puissance vitale, celle de sa liberté. », qu’il aura puisée à la source poétique.(Vive esquive du rien, p. 184)
Et c’est en poésie que je passerai la parole à Anne, deux poèmes qui évoquent l’azur :

Extrait de Presque dans une fresque (p. 26, Capranica, lundi 19 août 2019)

Les oiseaux chantent dans le bois
Et, mystère, nul ne les voit.
Sous le feuillage, une présence
Vive s’enivre de jouissance.

Sous l’azur immobile, à peine
Un peu de vent, une sereine
Brise et un frêle mouvement,
Dans l’ombre, seul, remue le chant.

Extrait de Conscience nomade (Capranica, août 2018, p. 71)

« Oh, je veux croire à la lumière de la nuit,
à ce possible, sans hâte, de la parole,
à la naïveté de la phrase qui luit
Et tous nous lie en invisible farandole.

L’azur du jour clair, profondeur dont je raffole,
Fait de midi le revers, l’écho de minuit.
La conscience est bleue ; la joie se fait parabole
De l’obscur ; vifs, le bleu clair et le bleu de nuit.
La phrase, soleil glissant sur les feuilles, luit.
Patiente insinuation exploratoire, Azur parfait.
À ce degré de lumière et de chaleur, on dispose
De tout l’avenir devant soi tandis que l’instant présent
Se suspend, tel un luminaire, sur l’azur parfait
Comme un accord.
L’été plaît à l’oreille.
Les sons tintent distinctement dans le clair,
où volettent les papillons blancs, jaune pâle ,
ou bien roux. Ils sont, avec les plantes sauvages
des talus, si frêles, les signes tant aimés
de la saison des robes légères aux fleurs
dansant dans les plis amples du tissu imprimé.
On aime
Cette bienveillance des choses, cette abondance
des couleurs, des parfums, des corolles,
un infini de formes qui s’assemblent, se font écho,
s’imbriquent.
C’est tout l’art,
De modeler le volume sur le plan du papier
Afin de jouir en toute plénitude
de ce qui nous est donné,
et le chanter.
La splendeur tient au monde ainsi recueilli
dans la conscience
qui, dans ce lien des sens, distingue
toute sa vie.

Il n’est que de regarder la couverture des recueils de poèmes et autres carnets de voyage d’Anne et vous comprendrez pourquoi, l’azur… »

Muriel Baryosher Chemouny

Ouvrages mis en valeur ce jour-là :
Presque dans une fresque, Carnet de voyage poétique, Italie, 2019, suivi de Patiente insinuation exploratoire, Poèmes 2018-2019. Atelier GuyAnne, 2020.
Conscience nomade, et le conte pérégrine en invisible farandole, Carnets de voyage narratif et poétique. Atelier GuyAnne, 2019.
La Vérité, suivi de Vive esquive du rien, utopie de l’étreinte, Romans. Feuilles/Beauchesne, 2019.
Considérer la vie comme digne d’être vécue : Marcel Proust à la
Recherche du temps perdu. Le Bord de l’Eau, 2020.

 

Articles & préfaces

Quelques entretiens

Pour la traduction des poèmes de Vincent Lors d’une rencontre à propos des « Belles étrangères consacrées à la Nouvelle-Zélande en 2006

Rémanences, n° 6, avril 1996.
Robert Graves : présentation + quatre poèmes (édition bilingue, traductions inédites).
Franco-British Studies,
Journal of the British Institute in Paris, n° 24/25, Autumn 1997/ Spring 1998.
Thirteeen poems by Graves in translation.
Présentation, édition bilingue, traductions inédites de poèmes parus dans le volume 1 des Complete Poems (Manchester : Carcanet Press, 1995).
The White Goddess, or the poetry of poetry”. Gravesiana, Volume 2, number 1, Winter 1998, pp. 22-43.
« Ruth Fainlight : Poésie, ou matière d’être ». Franco-British Studies, Journal of the British Institute in Paris, N° 27, Spring 99, pp. 55-77.
« ’La longue épreuve du voyage à l’étranger’ : Robert Graves, poésie et altérité », Franco-British Studies, Journal of the British Institute in Paris, n° 31, Spring 2001, pp. 63-92
« Ted Hughes : Chamanisme et dépassement des limites de l’être ». Poésie/Première, n° 20, juillet-octobre 2001, pp. 80-91.
« Michel Fardoulis-Lagrange : ’La dialectique du verbe et du silence’ », Poésie/Première, n° 22, mars/juin 2002, pp. 92-102.
« Edwin Muir : Poésie et mythe, ou l’autre du temps », La revue improbable, Numéro 19, mai 2002, pp. 23-32.
« Le sens du merveilleux, ou les mythes grecs en poésie moderne à travers les exemples d’Edwin Muir, Robert Graves et Ruth Fainlight », Desmos, Le lien, octobre-novembre 2002, pp. 151-166.
« Rythme poétique, mythe et sagesse : L’oeuvre de Claude Vigée », Poésie-Première, n° 33 – Novembre 2005/Février 2006, pp. 36-47.
« Le royaume de l’origine future : La Bible dans la vie et l’œuvre de Claude Vigée », Perspectives, Revue de l’Université hébraïque de Jérusalem : La Bible dans tous ses états. N° 13, 2006, pp. 167-190.
Responsable du dossier sur Claude Vigée dans la revue Friches, n° 95, hiver 2006-2007, pp. 6-34.
« La poésie de Claude Vigée ou l’instant de feu du poème », pp. 7-12.
« Claude Vigée : Etre poète pour que vivent les hommes. Choix d’essais 1950-2005 », pp. 27-32.
Entretien avec Claude Vigée, pp. 16-23.
« Claude Vigée, Anthony Rudolf, Anne Mounic, entretien : Comment traduire les Quatre Quatuors de T.S. Eliot ? », in Palimpsestes 20, Paris, PSN, octobre 2007.
« William Blake : Jérusalem, opiniâtre conquête de l’esprit. », Perspectives, Revue de l’Université hébraïque de Jérusalem, n° 14, 2007, pp. 29-49.
« ‘Dans mon nom j’ai scellé l’inconnu sans visage’ : l’œuvre poétique de Claude Vigée ». Europe, mars 2008, n° 947, pp. 323-327.
« Je/Tu dans la poésie de Claude Vigée », Je/Tu dans la poésie contemporaine. Textes réunis par Claude Cazalé Bérard. Ecritures, n° 4, novembre 2008. Nanterre : Presses Universitaires de Paris Ouest, CRIX, Centre de Recherches Italiennes, pp. 19-42.
« Apprendre l’absence », par Claude Vigée et Anne Mounic. Je/Tu dans la poésie contemporaine. Textes réunis par Claude Cazalé Bérard. Ecritures, n° 4, novembre 2008. Nanterre : Presses Universitaires de Paris Ouest, CRIX, Centre de Recherches Italiennes, pp. 8-18.
Marianne Camus (textes réunis par), Création au féminin. Volume 4
Les humeurs de l’humour (Dijon, 2008). « L’humour au féminin : Stevie Smith ».
« Plénitude du temps, joie du poème », suivi de trois poèmes, Thauma, n° 5, La joie, 2009, pp. 186-213.
« Le Cantique des Cantiques, parabole de l’amour et du poème », Tsafon, Revue d’études juives du Nord, n° 57, printemps-été 2009, pp. 75-100.
« ‘And he handed her an egg’ : The Art of memory in ‘Feuille d’Album’, Katherine Mansfield and Proust », in Katherine Mansfield Studies, The Journal of the Katherine Mansfield Society. Volume 1 (2009). Edinburgh University Press, pp. 35-53.
« Robert Graves : le mythe face à l’histoire », in Lecture politique des mythes littéraires au XXème siècle, sous la direction de Sylvie Parizet. Collection Littérature et poétique comparées. Nanterre : Presses Universitaires de Paris-Ouest, 2009, pp. 223-243.
« Lutte avec l’ange, lutte avec langue », Entretien avec Claude Vigée, Autre Sud, Septembre 2009, n° 46, pp. 26-32.
« L’œuvre de Claude Vigée : ‘Une force qui vient tout entière des sens.’ » Ibid., pp. 33-35.
« ‘Devise / Toute ma force est faite / De tendresse secrète.’ : Claude Vigée, poète. » Ibid., pp. 42-47.
« Du ‘poème énonciateur’ ou ‘Qui est le tiers qui toujours marche à tes côtés ?’ : Robert Graves, Stevie Smith, Claude Vigée », in Mélanges de Science Religieuse : Foi, mythe et création littéraire à travers le monde, Tome 66, N°4, octobre-décembre 2009, Lille : Université catholique, pp. 25-39.
“You may not believe it, for hardly could I” : Robert Graves and the Bible. Gravesiana, octobre 2010. Robert Graves Society, publication en ligne.
« ‘L’homme naît grâce au cri’ : Jacob, le poète, le sujet, le singulier », La figure de Jacob dans les lettres françaises, a cura di Liana Nissim e Alessandra Preda. Università degli studi di Milano, Facoltà di lettere e filosopfia, 2010, pp. 265-285.
« ‘Ah, What is it ? – that I heard’ : The Sense of Wonder in Katherine Mansfield’s Stories and Poems », Celebrating Katherine Mansfield : A Centenary Volume of Essays. Edited by Gerri Kimber and Janet Wilson. Basingtoke : Palgrave Macmillan, 2011, pp. 144-157.
« Benjamin Fondane, poète et penseur, voix singulière », Cahiers Benjamin Fondane, N° 14, Benjamin Fondane devant l’Histoire : Autour du Lundi existentiel, 2011, pp. 125-148.
« Récit de guerre et éthique ; Singularité, communauté et temporalité : Adieu à tout cela, de Robert Graves et La main coupée, de Blaise Cendrars ». E-rea : revue d’études sur le monde anglophone. Mémoires fluctuantes, histoires fondatrices dans les mondes francophones et anglophones, 19-21e siècles / Fluctuating Memories and Founding Histories in the French and English-Speaking Worlds, 19th-21st centuries. Numéro spécial en hommage à François Poirier (1947-2010). Numéro spécial 2011, en ligne : http://erea.revues.org/1832
« Voix et autres voix », « Là où chante la lumière obscure », Hommage à Claude Vigée. Paris : Cerf, 2011, pp. 203-222.
« John Milton dans les ténèbres de Samson », Perspectives, Revue de l’Université hébraïque de Jérusalem, n° 18, De Samson à Superman, 2011, pp. 73-90.
« La faim, ou la faille de la voix intérieure ». Colloque « Ecrire la faim », organisé par Isabelle Raviolo à l’Ecole normale supérieure le 18 mars 2009. Temporel n° 12, octobre 2011, en ligne : http://temporel.fr
« Bible et modernité poétique : Gerard Manley Hopkins (1884-1889), Robert Graves (1895-1985) et Claude Vigée (né en 1921), in Echos poétiques de la Bible. Textes réunis et présentés par Josiane Rieu, Béatrice Bonhomme, Hélène Baby et Aude Préta-de Beaufort. Paris : Champion, 2012, pp. 647-662.
« The Poem or the « Fierce Desire’ to Live : Isaac Rosenberg and Robert Graves », in Lines of Resistance : Esays on British Poetry from Thomas Hardy to Linton Kwesi Johnson. Edited by Adrian Grafe and Jessica Stephens.Jefferson, North Carolina, and London : McFarland & Company, inc. Publishers, 2012, pp. 70-87.
« Le rien de lumière et les demeures intérieures : Poésie et philosophie », in Robert Misrahi : Pour une éthique de la joie. Sous la direction de Véronique Verdier. Nantes : Edition Cécile Defaut, 2013, pp. 147-166.
« Songs of Singularity : The Two Ways of Gerard Manley Hopkins and Robert Graves », in Poetry and Religion : Figures of the Scared. Ineke Bockting, Jennifer Kilgore-Caradec and Cathy Park (eds). Bern : Peter Lang, 2013.
« Pour une éthique de la caresse. Réflexions à partir de La Dame à la licorne », in Le Débat des cinq sens de l’Antiquité à nos jours. Sous la direction de Géraldine Puccini. Eidôlon, n° 109. Bordeaux : Presses Universitaires, 2013, pp. 447-458.
« Singularité, communauté ou solipsisme. Une interrogation poétique moderne », in Figures de la singularité. Rolf Wintermeyer et Michel Kauffmann (éds). Paris : Presses de la Sorbonne nouvelle, version en ligne, 2014, pp. 157-172.
« ‘La vie dangereuse’ : dissidence poétique européenne au vingtième siècle », in 1914 : La mort des poètes. Catalogue réalisé sous la direction de Julien Collonges, Jérôme Schweitzer et Tatiana Victoroff. Strasbourg : Bibliothèque natyionale et universitaire,2014, pp. 241-248.
« Henri Meschonnic ou l’énergie irradiante du sujet », in « Henri Meschonnic en dialogue », sous la direction de Marcella Leopizzi. Skené, Rivista di letteratura francese e italiana contemporanee, Anno V, n° 6, 2016, pp. 43-56.
« La demeure du souffle : originalité dans le siècle de l’œuvre multiple de Claude Vigée », in « Claude Vigée : La traversée du siècle ». Sous la direction de Fernande Bartfeld. Perspectives, n° 22, 2015, pp. 69-86.
« ‘To Tell and Be Told’ : War Poetry as the ‘transmission of sympathy’ », in Etudes anglaises, n° 68/1, janvier-mars 2015, pp.70-83.
« ‘La moisson lèvera’ : le paradoxe d’une pensée européenne au vingtième siècle », in Centenaire d’Au-dessus de la mêlée de Romain Rolland : regards sur un texte de combat. Sous la direction de Landry Charrier et Roland Roudil. Dijon : Editons universitaires, collection Sociétés, 2015, pp. 95-108.
« Katherine Mansfield, Proust and Baudelaire : On the Questionable Issue of Influence », in Katherine Mansfield’s French Lives. Edited by Claire Davison and Gerri Kimber. Leiden/Boston : Brill/Rodopi, 2016, pp. 143-15

« Un jeu d’échos par-dessus le silence de l’abîme », in Claude Vigée, Chants de l’absence / Songs of Absence. Chalifert/Londres : Temporel/Menard Press, 2007, pp. 7-8.

« Le temps ouvert devant nous : Claude Vigée, passeur du vivant », in Claude Vigée, Mon heure sur la terre. Paris : Galaade, 2008, pp. 43-67.

« Le ‘noyau pulsant’ du réel : modernité de l’œuvre de Claude Vigée », in Claude Vigée, Le fin murmure de la lumière. Paris : Parole et Silence, 2009, pp. 9-32.

« Ricercare à voix multiples », in Claude Vigée, Les Sentiers de velours sous les pas de la nuit. Les Cahiers de Peut-être, n° 1, septembre 2010, pp. 9-11.

« ‘Dans la candeur qui donne des ailes’ : une voix sur deux rives et au-delà », in Martine Blanché, Indiennes. Colmar : Do bentzinger Editeur, 2011, pp. 5-12.

« ‘Le cœur indestructible de la nuit’ : L’éthique poétique et critique de Claude Vigée », in Claude Vigée, De la forme à l’informe : Rêver d’écrire le temps. Paris : Orizons, 2011, pp. 13-28.

Edition de Mélancolie solaire de Claude Vigée, Nouveaux essais, cahiers, entretiens inédits, poèmes (2006-2008). Paris : Orizons, 2008.

Préface à : Claude Vigée, L’Homme naît grâce au cri  : Poèmes choisis (1950-2012). Paris : Points Seuil, 2012.